Dans les années 30 , l’anthropologue américain Kilton Stewart découvre au milieu des tribus guerrières de la jungle malaisienne un groupe à part, qui se tient à l’écart des conflits et est craint par ses voisins qui lui attribuent des pouvoirs magiques .

Ce groupe, c’est la tribu Senoï : non seulement ils ne pratiquent pas la guerre et la violence, mais font preuve d’un étonnant équilibre psychologique d’après ceux qui les ont approché .

Leur particularité est leur l’intérêt fondamental pour les rêves et l’entrainement au rêve lucide : un rêve dans lequel le rêveur a conscience de son rêve et peut le diriger .

L’éducation Senoï est axée sur cette maitrise du rêve.

Ils parlent chaque matin en groupe , avec leurs enfants de leur rêves de la nuit précédente . Ils les incitent et ce , dès leur plus jeune âge, à conduire volontairement le cours de leurs rêves .

Dans quel sens leur demandent-ils de diriger leurs rêves ?

– dans le épreuves que peuvent présenter le rêve , il leur faut chercher des alliés ,voire essayer de se lier d’amitié avec des forces hostiles . Si cela est impossible il faut faire face au danger ne jamais fuir , aller jusqu’à la victoire contre l’ennemi. Les personnages du rêve sont des ennemis tant qu’on accepte de les craindre . Tout ennemi vaincu devient alors un allié .

– apprécier jusqu’au bout les moments positifs et la joie que peuvent apporter les rêves : voler dans les airs , visiter des pays merveilleux … et adulte dans un rêve érotique aller jusqu’à l’orgasme .

– aller jusqu’au bout de toutes les situations que présente le rêve en cherchant une issue positive : Si on tombe, aller jusqu’au bout de la chute . Si on vole, vivre pleinement l’expérience. Si on rêve de nourriture, la partager avec les autres….

Ces principes cherchent à éviter trois scénarios : la fuite dans l’éveil, la défaite dans l’angoisse, ou le changement de rêve qui donne naissance à un malaise diffus.

En racontant ses rêves en groupe à un guide spirituel , l’enfant est encouragé à trouver des solutions et prend confiance en lui.

Le rêve peut même être prolongé par des actions symboliques dans le vie réelle:

Si le rêveur a vaincu une personne de la tribu dans un rêve alors le vaincu doit lui faire un cadeau pour s’en faire un ami. Celui qui avait nui à autrui dans son rêve doit faire de même.

On voit l’effet d’apaisement que peuvent avoir ces actions symboliques sur les tensions sociales qui peuvent exister au sein de la communauté.

Ces observations ont laissé la communauté scientifique de l’époque dubitative….

Après la deuxième guerre, des chercheurs sont partis à la recherche de ce peuple , mais ils n’ont pas fait de rencontres concluantes . La guerre était -elle passé par là, ou bien les Senoïs méfiants ont ils refusé le contact et préféré garder leurs secrets ?

Les travaux des anthropologues sur le sujet à la fin du XX° s apportent des résultats controversés et contradictoires .

Quoi qu’il en soit, une psychologue américaine Patricia Garfield a élaboré une méthode de thérapie basée sur ces principes.

Belle histoire ou réalité ? En tous les cas dans mon expérience , même sans aller jusqu’à les modifier, écouter la voix des rêves ne peut que nous être bénéfique ………